Page:Tolstoï - Scenes de la vie russe.djvu/131

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qui prient, il y a un vieillard en kaftan grossier, drap de paysan, et sa tête, entièrement chauve, est d’un brillant poli, tout comme celle d’Élisée Bodrow.

— Par trop ressemblant au vieil Élisée, pense-t-il à part lui, mais impossible que ce soit lui. Comment serait-il arrivé avant moi ? Le navire qui nous a précédés était parti une semaine entière plus tôt. Il ne pouvait cependant pas être parvenu si vite à Odessa. Bien certainement il n’était pas sur notre bâtiment. J’ai examiné soigneusement tous les pèlerins.

Pendant que Jefim réfléchissait, le vieillard avait commencé à prier ; il se courba profondément par trois fois : la première en face de lui, devant Dieu, ensuite vers l’ensemble des orthodoxes, des deux côtés. Et comme le vieillard tournait sa tête vers la droite, Jefim le reconnut instantanément. Merveille divine ! le vieux Bodrow en chair et en os ! la barbe foncée grisonnant sur les joues, les sourcils, les yeux, le nez, le visage entier, qu’il connaissait si bien ; aucun doute, c’était Élisée Bodrow.

Une joie vive éclaira le visage du vieillard en