Page:Tolstoï - Scenes de la vie russe.djvu/142

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tion. Quelle allégresse et quelle joie à la maison que Dieu nous l’ait ramené ! c’était réellement trop triste sans lui. Le travail de ses mains n’est pas une merveille, les bonnes années sont passées. Mais sa tête vaut de l’or, et c’est lui qui fait notre joie. Notre jeune homme était comme fou de joie. « Sans le père, dit-il, c’est comme si je ne voyais pas la lumière du jour. » Partout il nous manque ; nous restons les affligés, comptant les jours et les heures, jusqu’à celle de son retour attendu.

— Dis donc, petite mère, est-il maintenant à la maison ?

— Il y est, cher ami, dans le jardin aux abeilles, occupé à faire rentrer un essaim. Une merveilleuse année pour les essaims, dit-elle. Dieu a mis aux abeilles une telle vigueur, que mon vieux ne se souvient point d’avoir jamais vu pareille chose. Nous n’avons cependant point mérité, nous pécheurs, que Dieu nous bénisse ainsi. Entre un peu, notre ami ; quels yeux va faire notre vieux !

Jefim traversa le vestibule, puis la petite cour, pour aller au jardin d’Élisée. Et là, que voit-il ? Élisée debout sans coiffure protectrice, sans