Page:Tolstoï - Scenes de la vie russe.djvu/182

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Sa femme, d’autre part, ne restait pas oisive. Elle allait criant et s’époumonant de voisine en voisine, disant qu’Ivan irait en prison, même qu’on l’enverrait en Sibérie. Elle versa ainsi de l’huile sur le feu.

Le vieux père d’Ivan, perché sur son poêle, se donnait, il est vrai, toutes les peines du monde pour rétablir la paix. Mais ce jeune monde n’avait guère d’oreille pour ses discours.

— Quelle sottise ! leur disait-il. Pourquoi, pour un rien, mener si grand bruit ? Dire que toute l’affaire a commencé pour une méchante poule ! Supposons que les enfants aient ramassé cet œuf, ne voilà-t-il pas une affaire ! Le bon Dieu en a bien assez pour tous. Eh quoi ! Si la voisine a dit une parole mauvaise, il fallait répondre par une bonne parole, pour lui montrer comment on se parle entre braves gens. Vous vous êtes battus. Mon Dieu, cela peut arriver, mais croyez-moi, reconnaissez que vous avez eu tort, pardonnez-vous et que tout soit oublié. Si, au contraire, vous rendez le mal pour le mal, il vous en arrivera bien pis.