Page:Tolstoï - Scenes de la vie russe.djvu/202

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plus, et tout yeux, tout oreilles. Rien ne bougea plus. Le vent seul grinçait dans les feuilles sèches et passait en sifflant par-dessus le toit. La nuit était fort obscure, mais Ivan, s’y retrouvant peu à peu, finit par distinguer tout un coin du hangar avec sa charrue remisée sous l’avant-toit. Il resta ainsi, écarquillant les yeux, mais il n’aperçut rien qui ressemblait à un homme.

« Ce n’était qu’un éblouissement, sans doute, se dit-il à part soi. C’est égal, je veux faire quand même le tour. » Et, comme un voleur, à pas furtifs, il se glissa le long du hangar, si léger, sur ses souliers d’écorce, qu’il ne s’entendait pas lui-même. Au moment où il atteignait l’autre angle, il fit un violent soubresaut. Une clarté, subitement évanouie, venait de briller dans la nuit. Ivan sentit un frisson lui glisser le long du dos ; le cœur lui battit à se rompre. Il était là comme pétrifié. L’intervalle de quelques secondes, et, à la même place, une flamme s’élève et éclaire un homme coiffé d’une casquette de peau, encore accroupi auprès de la botte de paille qu’il vient d’allumer. Ivan sent