le retirer. Il avait la barbe et les cheveux brûlés, les mains martyrisées, et cependant il paraissait ne rien sentir. On jugea que le chagrin l’avait rendu fou, l’incendie s’éteignait peu à peu, et Ivan était toujours là, immobile, l’œil fixe, regardant sa maison en cendres et continuant de marmotter comme un homme hors de sens : « Petit frère, il fallait vite retirer la paille, vite, vite… »
Le lendemain, le fils de l’ancien du village vint vers Ivan.
— Oncle Ivan, lui dit-il, ton père va mourir ; il te fait appeler pour te donner sa bénédiction.
Ivan n’avait même plus le souvenir de son vieux père, et n’arrivait pas à comprendre ce qu’on lui voulait.
— Quel père ? demanda-t-il, qui fait-il appeler ?
— Toi, oncle Ivan, c’est toi qu’il veut voir pour te donner sa dernière bénédiction. C’est chez nous qu’on l’a porté, et il est à ses derniers moments.
Ivan finit par comprendre un peu et se laissa conduire par le fils de l’ancien.