Page:Tolstoï - Scenes de la vie russe.djvu/31

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V


Il se réveilla le lendemain plus tard que de coutume. Les enfants dormaient encore.

Matréma était allée faire son petit emprunt chez la voisine. L’étranger était déjà assis sur le banc, vêtu des vieilles chausses et de la chemise rapiécée. Une calme sérénité rayonnait sur ses traits, et son regard s’élevait au ciel.

Sema lui dit en l’abordant :

— Frère, causons un peu. On ne peut vivre sans manger et sans boire, et le corps doit être vêtu. L’homme doit gagner son pain. Sais-tu travailler ?

— Je ne sais rien.

Sema fit un soubresaut ; mais se remettant aussitôt :

— Bien, dit-il. Il suffit que tu prennes le goût du travail. L’homme peut tout apprendre.