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Page:Tolstoï - Scenes de la vie russe.djvu/48

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fichus leur allaient si bien : mais tout cela n’expliquait pas l’attitude de Michel, qui les regardait comme s’il eût vu en elles la réalisation d’un rêve.

Sema garda ses réflexions pour lui et continua de s’entretenir avec la dame. On convint du prix, après quoi maître Sema chercha ses bandelettes de papier et se mit à les ajuster pour prendre les mesures. La dame plaça alors sur ses genoux l’enfant qui était boiteuse et dit à Sema :

— Pour celle-ci, il faudra prendre deux mesures et faire un soulier pour le pied qui est tourné et trois pour l’autre. D’ailleurs, l’une et l’autre ont le même pied, elles sont jumelles.

Quand Sema en fut au pied perclus, il demanda :

— D’où lui vient cette infirmité ? Une si charmante enfant ! C’est de naissance peut-être ?

— Pas précisément. C’est sa mère qui lui a déformé le pied en lui donnant le jour.

La curieuse Matréma s’avança :

— Ainsi tu n’es donc pas leur mère ! dit-elle fort étonnée.

— Ni leur mère, ni leur parente, ma brave