voiture à l’Université. Les filles, Catherine surtout, regardent par la fenêtre, avec des figures rayonnantes de joie et d’orgueil, la personne élégante de Volodia, en train de s’asseoir dans le phaéton. Papa répète : « Dieu veuille ! Dieu veuille ! » et grand’mère, qui s’est aussi traînée jusqu’à la fenêtre, et dont les yeux sont pleins de larmes, envoie des signes de croix à Volodia, en murmurant je ne sais quoi, jusqu’à ce que le phaéton ait tourné le coin.
Volodia revient. Tout le monde lui demande avec impatience : « Eh bien ? tu as bien passé ? combien ? » Il suffit de regarder son visage épanoui pour comprendre que tout va bien. Volodia a eu cinq. Le lendemain, mêmes bons souhaits et mêmes angoisses à son départ, même impatience et même joie à son retour. Neuf jours se passent ainsi. Le dixième, c’est le dernier examen, le plus difficile : – l’examen de religion. Tout le monde est aux fenêtres et l’agitation est encore plus grande que les jours précédents. Il est déjà deux heures, et pas de Volodia. « Mon Dieu ! papa !!! les voilà !!! les voilà !!! » crie Lioubotchka en collant sa figure au carreau.
En effet, Volodia est assis dans le phaéton, à côté de Saint-Jérôme, mais il n’a plus son habit bleu et sa casquette grise ; il est en uniforme d’étudiant ; il a un collet bleu de ciel brodé, un tricorne et une épée dorée.
« Si tu étais vivante ! » crie grand’mère en apercevant Volodia en uniforme, et elle s’évanouit.
Volodia se précipite, l’air radieux, dans l’antichambre. Il m’embrasse, il embrasse Lioubotchka et Mimi, il embrasse Catherine, qui rougit jusqu’aux oreilles. Volodia ne se connaît plus de joie. Et comme il est bien en uniforme ! Comme le collet bleu de ciel va bien avec ses petites moustaches noires encore naissantes ! Quelle jolie taille fine et longue et quelle tournure distinguée ! En ce jour mémorable, nous dînons tous dans la chambre de grand’mère, tous les visages sont rayonnants et, au moment de l’entremets, le maître d’hôtel apparaît avec une physionomie