deux caramels et une figue sèche. Je n’eus pas le courage de regarder la figure de la bonne vieille. Je pris le cornet en me détournant, et mes larmes coulèrent encore plus fort, mais ce n’était plus de colère : c’était de tendresse et de honte.
X
LE DÉPART
Le lendemain des événements que j’ai racontés, à midi, la calèche et la britchka étaient rangées devant le perron. Kolia était en costume de voyage, c’est-à-dire qu’il avait son pantalon dans ses bottes, un vieux paletot et une ceinture bien serrée par-dessus son paletot. Il était debout dans la britchka et arrangeait les manteaux et les coussins. Quand il trouvait que cela faisait trop haut, il s’asseyait sur les coussins et sautait dessus jusqu’à ce qu’il les eût aplatis.
« Par charité, Kolia, est-ce que vous ne pourriez pas prendre la cassette du barine ? dit le valet de chambre de papa en sortant tout essouflé de la calèche. Elle ne tient pas de place.
— Vous auriez dû le dire plus tôt, Michée Ivanovitch, répondit Kolia en parlant vite et en lançant impatiemment, de toutes ses forces, un petit paquet au fond de la voiture. On a déjà la tête qui vous tourne et il faut encore que vous arriviez, avec votre cassette ! » ajouta-t-il en ôtant sa casquette et en essuyant de grosses gouttes de sueur sur son front hâlé.
La domesticité s’était rassemblée autour du perron, les hommes nu-tête, en cafetan ou en manches de chemise, les enfants nu-pieds, les femmes en robe de coton et mouchoir à raies, des marmots sur les bras. Tous regardaient