Page:Tolstoï - Une lettre inédite.djvu/30

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

disant civilisés, ayant à leur tête les savants et les artistes, sont une caste privilégiée comme les prêtres. Et cette caste a tous les défauts de toutes les castes. Elle a le défaut de dégrader et de rabaisser le principe en vertu duquel elle s’organise. Au lieu d’une vraie religion, une fausse. Au lieu d’une vraie science, une fausse. De même pour l’art. — Elle a le défaut de peser sur les masses, et par dessus cela, de les priver de ce qu’on[1] prétend propager. Et le plus grand défaut — celui de la contradiction consolante du principe qu’ils professent avec leur manière d’agir.

En exceptant ceux qui soutiennent le principe inepte de la science pour la science et de l’art pour l’art, les partisans de la civilisation sont obligés d’affirmer que la science et l’art sont un grand bien[2] pour l’humanité. En quoi consiste ce bien ? Quels sont les signes par lesquels on puisse distinguer[3] le bien du mal ? Les partisans de la science et de l’art [n’] ont garde de répondre à ces questions. Ils prétendent même que la définition du bien et du beau est impossible.[4] « Le bien en général, disent-ils, le bien, le beau ne peut être

  1. Raturé : « de ce que ces prêtres prétendent ».
  2. Raturé : « sont indispensables parce qu’ils produisent le plus grand bien ».
  3. « reconnaître ».
  4. Raturé : « anti-scientifique et anti-artistique ».