Aller au contenu

Page:Tolstoï - Une lettre inédite.djvu/35

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

cus qu’il n’existe qu’une seule vraie civilisation, — la nôtre[1] ; et il nous est presque impossible de voir le manque de logique de tous nos raisonnements, qui ne tendent qu’à prouver que de tous les âges et de tous les peuples, il n’y a que notre âge et les quelques millions d’hommes, habitant la péninsule qu’on appelle l’Europe, qui se trouvent en possession de la vraie civilisation, qui se compose de vraies sciences et de vrais arts.

Pour connaître la vérité de la vie qui est tellement simple, il ne faut pas quelque chose de positif : — une philosophie, une science profonde ; — il ne faut qu’une qualité négative : — ne pas avoir de superstition.

Il faut se mettre dans l’état d’un enfant, ou d’un Descartes, se dire : — Je ne sais rien, je ne crois rien, et je veux pas autre chose que connaître la vérité de la vie, que je suis obligé de vivre.

Et la réponse est toute donnée depuis des siècles, et est simple et claire.

Mon sentiment intérieur me dit qu’il me faut le bien, le bonheur pour moi, pour moi seul. La raison me dit : tous les hommes, tous les êtres désirent la même chose. Tous les êtres qui sont comme moi à la recherche de leur bonheur indivi-

  1. Raturé : « Mais quand c’est nous-mêmes qui sommes enveloppés dans notre croyance superstitieuse à notre civilisation, etc. »