Page:Tolstoi - La Pensée de l’humanité.djvu/133

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II. — L’homme et la terre.

1. Etant issu de la terre, la terre m’est donnée pour que j’y prenne tout ce qu’il me faut pour cultiver et ensemencer, et j’ai le droit de réclamer ma part. Montrez-moi donc où elle est. EMERSON.

2. La terre est notre mère à tous ; elle nous nourrit, nous donne asile, nous réjouit et nous chauffe ; depuis notre naissance et jusqu’au moment où nous nous endormons du dernier sommeil sur son cœur de mère, elle nous caresse constamment de son étreinte affectueuse. Et voici que les gens parlent de sa vente ; et elle présente, en effet, à notre époque vénale, un article de négoce, elle est vendue et achetée. Mais la vente de la terre créée par le Créateur céleste est une énorme ineptie. La terre ne peut appartenir qu’au Dieu tout-puissant et à tous les fils des hommes qui la travaillent, de même qu’à ceux qui la travailleront dans l’avenir. Elle est la propriété non seulement d’une seule génération, mais de toutes les générations passées, futures et présentes qui la travaillent. CARLYLE.

3. Nous occupons une île sur laquelle nous vivons des produits de nos mains. Un marin naufragé est rejeté sur notre côte. A-t-il le même droit naturel que nous d’occuper sur les mêmes bases que nous, une parcelle de terre pour