Page:Tolstoi - La Pensée de l’humanité.djvu/158

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4. Si vous êtes plus-fort, plus riche, plus instruit que les autres, tâchez de venir en aide aux gens avec ce que vous avez de plus qu’eux. Si vous êtes plus fort, aidez les faibles ; si vous êtes plus intelligent, aidez ceux qui ne le sont pas ; si vous êtes instruit, aidez ceux qui le sont moins ; si vous êtes riche, aidez ceux qui sont pauvres. Mais les orgueilleux ne raisonnent pas ainsi. Ils pensent que s’ils possèdent ce que les autres n’ont pas, ils n’ont pas besoin de partager avec ceux-ci, mais n’ont qu’à se vanter devant eux.

5. Ce n’est pas bien si l’homme, au lieu d’aimer ses frères, se fâche contre eux. Mais c’est pis encore lorsque quelqu’un se persuade qu’il n’est pas un homme comme les autres, mais meilleur qu’eux et, par conséquent, qu’il peut traiter les gens autrement qu’il ne voudrait être traité lui-même.

6. C’est stupide lorsque des gens tirent vanité de leur visage, de leur corps, mais c’est plus stupide encore lorsqu’ils sont fiers de leurs parents, de leurs ancêtres, de leurs amis, de leur classe, de leur peuple. Une grande partie du mal, dans ce monde, vient de ce sot orgueil. C’est de là que proviennent les querelles entre les hommes, entre les familles, et les guerres entre les peuples.

7. La bêtise peut exister sans l’orgueil ; mais l’orgueil ne va jamais sans la bêtise.