Page:Tolstoi - La Pensée de l’humanité.djvu/373

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VI. — La conscience des bienfaits de la souffrance supprime son poids.

1. Que faire lorsque tout nous abandonne : la santé, la joie, l’affection, la fraîcheur des sens, la mémoire, la capacité du travail, lorsqu’il nous semble que le soleil devient froid et que la vie perd tous ses charmes ? Que faire quand nous n’avons plus aucun espoir ? Nous griser, ou nous pétrifier ? Il n’y a jamais qu’une seule réponse : vivre d’une vie spirituelle, croître sans cesse. Arrive ce que pourra, si ta conscience est tranquille, si tu sens que tu accomplis ce que ton être spirituel demande. Sois ce que tu dois être ; le reste est affaire de Dieu. Et quand même il n’y aurait pas de Dieu saint et charitable, la vie spirituelle serait, néanmoins, la solution du mystère et l’étoile polaire de l’humanité mouvante, car elle, seule donne le vrai bonheur. AMIEL.

2. Sache seulement et crois que tout ce qui t’arrive te conduit vers ton vrai bonheur spirituel, et tu accueilleras la maladie, la misère, l’outrage ; tout ce que les hommes considèrent comme des malheurs, non comme des malheurs, mais comme nécessaires pour ton bien, de même que le cultivateur accueille la pluie qui le trempe, mais qui est nécessaire à son champ, comme le malade prend un médicament amer.

3. Souviens-toi que la faculté par laquelle se distingue un être raisonnable, c’est la soumission libre à son sort, et