Page:Tolstoi - La Pensée de l’humanité.djvu/421

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en leur pouvoir, ce que les autres peuvent lui prendre. Seul est en leur pouvoir ce que rien ni personne ne sauraient leur ravir. A la première catégorie appartiennent tous les biens terrestres : la richesse, les honneurs, la santé. A la deuxième : notre âme, notre perfectionnement spirituel. Et précisément la chose qui nous est le plus nécessaire pour notre bien est en notre pouvoir, parce que rien, aucun bien terrestre ne donne le vrai bien, mais ne fait que nous leurrer. Le vrai bien ne peut être obtenu que par notre effort vers la perfection spirituelle, et cet effort est toujours en notre pouvoir. On a agi pour nous de même qu’un bon père aurait agi pour ses enfants. Seul ce qui ne peut nous donner le bonheur ne nous appartient pas, tandis que tout ce qui nous est nécessaire nous est donné. ÉPICTÈTE.

5. Ne crois pas que la perplexité devant le sens de la vie soit quelque chose de noble ou de tragique. Cette perplexité est pareille à celle que l’homme éprouve lorsqu’il se voit dans une société occupée à lire un bon livre. La perplexité de cet homme qui n’écoute pas attentivement ou n’a pas compris ce qu’on lit et qui s’agite au milieu des gens occupés, n’a rien de noble ni de tragique, mais est ridicule, bête et pitoyable.

6. Il y avait une fois un bienfaiteur qui, voulant faire aux hommes le plus de bien possible, se mit à réfléchir pour savoir comment il devait s’y prendre pour n’offenser personne et pour que tous en profitent. Si l’on distribue les richesses directement aux gens, on risque de donner moins à celui qui en a le plus