Page:Tolstoi et les Doukhobors.djvu/134

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les plus reculés de la Sibérie orientale, parut une amélioration au sort des hommes qui ne consentaient pas à tuer leur prochain.

Les Doukhobors et les Ménonites, qui étaient depuis longtemps débarrassés du service militaire, subirent de la part du gouvernement russe, pendant les dernières années, une série de persécutions qui n’ont pas encore cessé, persécutions terribles par leur cruauté inouïe et tout à fait inutiles dans l’intérêt même de l’État.




En Russie vivaient pacifiquement quelques dizaines de milliers d’hommes, tous, sages et laborieux, dignes d’être l’orgueil de leur patrie. La vertu suprême, la charité, était chez eux développée jusqu’à un tel degré, que, disposés à accomplir n’importe quelle exigence du gouvernement, ils refusaient absolument une seule chose : tuer ou offenser un de leurs semblables. Non seulement on savait ces hommes inoffensifs, mais même leurs hautes qualités morales étaient reconnues de tous. Après une période de persécutions des plus cruelles, qu’ils ont supportées en martyrs héroïques, le gouvernement même débarrassa du service mili-