Page:Tolstoi et les Doukhobors.djvu/137

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partir furent évidemment des plus horribles si l’on en juge par les extraits des renseignements qui se firent jour derrière le secret le plus absolu, dont le gouvernement a l’habitude d’envelopper pareilles affaires. Le chef d’un bataillon disciplinaire m’a raconté que peu après la publication de cet ordre, 200 jeunes Ménonites, qui avaient refusé de servir, furent amenés dans son bataillon. Les horreurs des fustigations et des autres supplices qu’ils subirent, forcèrent les Ménonites à se soumettre aux rigueurs de la discipline militaire. L’année suivante était amené un autre groupe semblable. Les nouveaux venus, plus fermes, protestèrent contre la violation commise sur eux, ils s’arrêtèrent devant les portes de la caserne du bataillon disciplinaire, et, se tenant par la main, refusèrent d’entrer. Les soldats furent appelés, s’aidant des poings et des pieds, ils les poussèrent dans les portes et dans la cour de la caserne, en les frappant cruellement. Alors les Ménonites déjà, enrégimentés, à la vue de leurs camarades martyrisés, se joignirent à eux et déclarèrent se refuser aussi à accomplir les devoirs militaires, n’ayant renié leur religion et consenti à servir que par crainte. « Et