les Doukhobors ne pouvaient qu’être simples soldats.
Le jour de Pâques de 1895 fut choisi pour le refus. Une particularité singulière de la doctrine des Doukhobors est celle-ci : bien qu’ils ne reconnaissent pas l’Église, ils observent les fêtes liturgiques, qu’ils interprètent symboliquement à leur façon ; ainsi le jour de Pâques étant, chez eux aussi, une fête, fut-il choisi exprès.
Selon la coutume, tout le bataillon devait aller à l’Église, puis ensuite participer à une parade religieuse. Les Doukhobors, comme sectaires, pouvaient ne pas aller à l’église, mais attendre à une certaine place et prendre part à la parade. Mathieu Lebediev déclara à ses coreligionnaires, qui servait dans le même bataillon que lui, qu’il ne fallait pas aller à la parade, puisqu’aujourd’hui même ils étaient décidés à ne plus servir. Les dix Doukhobors y consentirent et restèrent à la caserne. Quand, au cours de la parade, les chefs remarquèrent l’absence de Lebediev et de ses dix amis, ils les envoyèrent chercher par un soldat d’ordonnance. Celui-ci rapporta que les Doukhobors refusaient de se rendre à la parade ; alors on envoya vers eux un sous-officier. Arrivé près des Dou-