Page:Tolstoï - Le Faux Coupon et autres contes.djvu/346

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heures, il venait prendre le café servi sur la terrasse, où l’attendaient Marie Pavlovna, un oncle qui demeurait chez eux, et Lise. Après une conversation souvent très animée, pendant le café, on se séparait jusqu’au dîner, et chacun s’occupait à sa guise, soit à lire, soit à écrire, soit à quelque autre affaire. Ensuite on faisait une promenade à pied ou en voiture. Le soir, quand Eugène revenait du bureau, on prenait le thé ; très tard, parfois on faisait une lecture à haute voix ; Lise travaillait, ou faisait de la musique, ou on causait quand venaient des amis. Quand Eugène s’absentait pour ses affaires, chaque jour il recevait une lettre de sa femme. Parfois elle l’accompagnait et c’était particulièrement gai. Pour leur fête, à lui ou à elle, on réunissait des invités, et c’était plaisir de voir comment elle savait tout arranger de façon à ce que tout le monde soit content. Il voyait et entendait que tous admiraient sa jeune et charmante femme, et il l’en aimait encore davantage.

Tout allait bien. Elle supportait facilement sa grossesse, et tous deux, bien que craintivement, commençaient à faire des projets sur la manière d’élever le futur bébé. Le mode d’éducation, les méthodes, tout cela était décidé par Eugène. Elle-même ne désirait qu’une chose : agir selon sa volonté. Eugène se mit à lire beaucoup de livres de médecine, et déjà se promettait d’élever son enfant selon toutes les règles de la science. Naturellement, elle y souscrivait et était prête à tout. Ainsi arriva la deuxième année de leur mariage, leur deuxième printemps.