Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol13.djvu/352

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lu. Les petits prennent un livre à deux et si le texte est compréhensible, ils lisent comme nous lisons, s’approchent de la lumière, s’accoudent commodément et éprouvent un plaisir manifeste. Quelques-uns tâchent d’unir les deux plaisirs : ils s’assoient en face du poêle allumé, se chauffent et lisent. Tous les élèves ne sont pas admis aux expériences de physique, seuls les meilleurs élèves de la deuxième classe, les plus vieux et les plus raisonnables y assistent. La classe de physique, par le caractère qu’elle a chez nous, est la plus tardive, la plus étonnante et concorde tout à fait avec l’impression provoquée par la lecture des contes. Ici le féerique devient réalité. Ils personnifient tout : la balle de sureau repoussée par la résine, l’aiguille aimantée, la limaille qui court sur la feuille de papier au-dessous de laquelle on place un aimant, leur paraissent des êtres vivants. Les enfants les plus intelligents qui comprennent l’explication de ces phénomènes, s’excitent et commencent à crier après l’aiguille, la balle, la limaille : — « En voilà !… Où vas-tu ? » ou : — « Tiens, attrape ! », etc. Ordinairement les classes prennent fin à huit ou neuf heures du soir, quand toutefois la leçon de menuiserie ne retient pas les plus grands. Alors tous, en criant, courent jusqu’au pavillon des domestiques et de là se dispersent sur les divers chemins du village. Parfois ils imaginent de glisser jusqu’au village dans le grand traîneau arrêté derrière la porte cochère. Ils sou-