Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol17.djvu/134

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du malade, sachant ce qu’il fallait faire, et tout marchait bien.

Elle lui parlait d’elle-même, de son mariage, souriait, le plaignait, le dorlotait, racontait des cas de guérison, et tout allait très bien. C’était donc qu’elle savait.

La preuve que ses actes, comme ceux d’Agafia Mikhaïlovna, n’étaient pas instinctifs, irraisonnés, c’est qu’elle ne se contentait pas de soins physiques, de soulagement matériel ; toutes deux se préoccupaient d’une question plus importante, de quelque chose n’ayant rien de commun avec les soins matériels.

Anna Mikhaïlovna, parlant d’un vieillard qui venait de mourir, disait : « Dieu merci, il a communié et a reçu l’extrême-onction ; Dieu permette à tous une fin pareille ! »

Kitty, de son côté, outre les soins du linge, des potions, etc., dès le premier jour, trouva le moyen de disposer le malade à recevoir les sacrements.

Retiré dans sa chambre, le soir, après avoir quitté le malade, Lévine restait assis, tête baissée, ne sachant que faire. Incapable de songer à souper, ni à se mettre au lit, incapable de réfléchir, il ne pouvait même parler à sa femme et se sentait honteux. Kitty, au contraire, montrait une activité extraordinaire. Elle fit apporter à souper, défit elle-même les bagages, aida à dresser les lits sans oublier la poudre insecticide. Elle avait l’excitation