Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol17.djvu/143

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Longtemps il resta ainsi assis près de lui, attendant la fin. Mais la fin ne venait pas. La porte s’entr’ouvrit et Kitty parut. Lévine se leva pour l’arrêter. Mais à ce moment le mourant s’agita.

— Ne t’en va pas, dit Nicolas étendant la main. Lévine prit cette main et fit un geste à sa femme pour la renvoyer.

Tenant toujours la main du mourant, Lévine attendit une demi-heure, une heure, une heure encore.

Maintenant il ne pensait plus du tout à la mort ; il se demandait ce que faisait Kitty, qui habitait la chambre voisine, si le docteur avait une maison à lui. Il avait faim et sommeil. Prudemment il dégagea sa main pour toucher les pieds du malade. Ils étaient froids mais le malade respirait. Lévine essaya de se lever sur la pointe des pieds pour sortir mais de nouveau le malade s’agita et répéta : « Ne t’en va pas. »

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Le jour parut. La situation du malade restait la même. Lévine dégagea doucement sa main, sans regarder le mourant, et alla dans sa chambre où il s’endormit. À son réveil, au lieu d’apprendre la mort de son frère comme il s’y attendait, on lui dit que le malade avait repris connaissance. Il s’était de nouveau assis sur son lit, toussotait, avait demandé à manger, exprimait l’espoir de la guérison et se montrait encore plus irritable et plus sombre