Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol17.djvu/199

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mais je viendrai voir Anna, oui, absolument. Vous ne resterez pas longtemps ?

En effet, le jour même elle vint voir Anna, mais elle avait changé de ton. Elle semblait fière de son audace et désirait voir Anna apprécier cette preuve de sa fidélité et de son amitié. Elle ne resta guère que dix minutes, causant des nouvelles du jour ; et elle dit en partant :

— Vous ne m’avez toujours pas dit à quand le divorce. Mettons que moi, je jette mon bonnet par-dessus les moulins, mais vous trouverez des collets-montés qui vous battront froid tant que vous ne serez pas mariés. Et maintenant c’est si simple ! Ça se fait. Ainsi vous partez vendredi ? Je regrette que nous ne puissions nous revoir d’ici là.

Le ton de Betsy aurait pu faire comprendre à Vronskï l’accueil que la société leur réservait ; il voulut cependant faire encore une tentative dans sa famille. Il ne comptait pas sur sa mère. Il savait bien que sa mère si ravie d’Anna à leur première rencontre, serait inexorable pour celle qui venait de briser la carrière de son fils, mais il fondait les plus grandes espérances sur Varia, la femme de son frère. Il était persuadé qu’elle ne lui jetterait pas la pierre et que tout simplement, tout naturellement, elle viendrait voir Anna.

Le lendemain de son arrivée, Vronskï se rendit chez elle et, la trouvant seule, il lui exposa nettement son désir.