Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol17.djvu/434

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groupes : les vieux et les nouveaux. Parmi les vieux on ne voyait guère que des gentilshommes vêtus d’uniformes passés de mode, boutonnés du haut en bas, le chapeau sous le bras, et quelques-uns d’uniformes de la marine, de la cavalerie et de l’infanterie. Les uniformes démodés de ces vieux gentilshommes étaient tirés sur les épaules, trop étroits et courts de taille, comme si leurs possesseurs avaient grandi. Les nouveaux portaient au contraire l’uniforme déboutonné, à taille longue, large d’épaules et le gilet blanc, ou les uniformes à cols noirs brodés de lauriers du ministère de la Justice ; quelques uniformes de cour, rares dans la foule, appartenaient aussi aux jeunes.

Mais la division en jeunes et en vieux ne correspondait pas à la division en partis. Quelques jeunes, comme le remarquait Lévine, appartenaient au vieux parti, et, au contraire, quelques très vieux gentilshommes chuchotaient avec Sviajski et semblaient de très chauds partisans du nouvel esprit.

Lévine se trouvait dans le petit salon où l’on fumait et où était dressé le buffet. Il tâchait de suivre la conversation du groupe où étaient les siens et de comprendre ce qu’on disait. Serge Ivanovitch était le centre de ce groupe. Pour le moment il écoutait Sviajski et Khlustov, maréchal de la noblesse d’un autre district qui appartenait à leur parti. Khlustov ne voulait pas s’unir à son district pour demander à Snetkov de poser sa candidature, mais