Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol19.djvu/300

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Athanase aimait son frère, et après avoir fait ses adieux à tout son monde, sans garder pour lui une seule pièce de monnaie, vêtu du vieil habit qu’il portait en venant, il reprit le chemin de sa demeure.

Comme il s’approchait de la montagne, il pensa : « Mon frère eut tort de s’enfuir ainsi du tas d’or. N’ai-je pas mieux agi que lui ? »

Mais à peine avait-il eu le temps de concevoir cette pensée que sur la route lui apparut soudain le même ange qui venait les bénir. Son regard était sévère. Athanase pâlit et dit seulement : « Pourquoi, Seigneur ? »

Et l’ange ouvrit la bouche et dit :

« Arrière ! Tu n’es pas digne de vivre avec ton frère. Un seul des bonds de ton frère est plus précieux que tout ce que tu as fait avec cet or ! »

Athanase lui expliqua, alors, comment il avait nourri en grand nombre des pauvres et des pèlerins, combien d’orphelins il avait recueillis.

Mais l’ange lui dit :

— « C’est Satan qui a mis cet or sur ton chemin, pour te séduire, et c’est lui qui t’a inspiré ces paroles. »

Et la conscience d’Athanase s’éveilla. Il comprit qu’il n’avait pas agi pour Dieu. Il fondit en larmes et se repentit. Alors l’ange lui rendit l’accès de la route, où son frère l’attendait.

Depuis ce temps, Athanase ne se laissa plus séduire par le diable et son or ; et il reconnut que ce