Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol19.djvu/367

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Chez les autres paysans, tout est brûlé par le soleil, chez le paysan pauvre, le blé est fort et haut de tige ; le paysan se nourrit jusqu’au printemps, et il lui reste encore beaucoup de blé.

L’été suivant, l’ouvrier apprit au paysan à semer sur les collines. L’été fut pluvieux. Chez tous, le blé était pourri, ne donnait pas de grain, et chez le paysan, sur les collines, poussait un blé magnifique. Le paysan avait encore plus de grains. Il ne savait qu’en faire.

L’ouvrier apprit au paysan à fabriquer de l’eau-de-vie avec le blé. Le paysan distilla beaucoup d’alcool, se mit à boire et à faire boire les autres. Le diablotin vint trouver son chef et se vanta d’avoir triomphé. Le chef partit voir.

Il vient chez le paysan et voit que celui-ci a convié les richards et les régale d’eau-de-vie. C’est la maîtresse de la maison qui sert l’eau-de-vie aux convives. Mais en faisant le tour, voilà qu’elle s’accroche à la table et renverse un verre. Le paysan se fâche, injurie sa femme : « En voilà une sotte du diable ! dit-il. Est-ce que c’est de l’eau de vaisselle pour jeter par terre une chose aussi précieuse ! »

Le diablotin poussa du coude son chef : « — Regarde bien », dit-il. Le paysan injuria sa femme et se mit à servir lui-même. Un pauvre paysan qui n’était pas invité revient de son travail ; il salue tout le monde, s’asseoit à l’écart. Il voit les gens