Page:Tolstoï - Œuvres complètes vol27.djvu/73

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VII

Comment cela arriva-t-il, on ne saurait le dire, car cela se produisit insensiblement, peu à peu, et sans qu’on le remarquât, mais il advint que le troisième mois de la maladie d’Ivan Ilitch, sa femme, sa fille, son fils, ses domestiques, ses amis, son médecin et surtout lui-même savaient que tout l’intérêt qu’il éveillait se ramenait à cette seule question : quand enfin ferait-il de la place, quand débarrasserait-il les vivants de sa personne gênante, et serait-il lui-même délivré de ses souffrances ?

Il dormait de moins en moins. On lui donnait de l’opium et des injections de morphine, mais rien ne le soulageait. L’état de langueur dans lequel il tombait pendant ses périodes de demi-assoupissement, les premiers temps, était pour lui