Page:Tolstoï - Œuvres complètes vol27.djvu/88

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lui et qu’il n’avait pas le droit de s’opposer à ce qu’elle voulait.

Il garda le silence et fronça les sourcils. Il sentait que ce mensonge dont on l’enveloppait se compliquait tellement qu’il devenait impossible de s’y retrouver.

Tout ce qu’elle faisait, c’était dans son intérêt à elle ; ce qu’en réalité elle faisait pour elle-même, elle disait bien le faire pour elle-même, mais elle disait cela d’un ton à lui faire croire, à lui, que c’était le contraire qui était vrai.

Vers onze heures et demie, le célèbre docteur arriva. Les auscultations recommencèrent, de graves conciliabules s’engagèrent devant le malade et dans la chambre voisine, à propos du rein, de l’intestin, et cela avec un tel air d’importance, que de nouveau, au lieu de la question de vie et de mort, la seule importante, parut celle des organes qu’on accusa de ne pas fonctionner comme il faut. Mais Mikhaïl Danilovitch et la célébrité allaient voir à cela et forcer les organes réfractaires à rentrer dans le devoir.

Le célèbre médecin se retira avec une mine sérieuse mais non décourageante. Lorsqu’Ivan Ilitch, les yeux brillants de crainte et d’espoir, lui demanda s’il y avait chance de guérison, il répondit qu’on ne pouvait rien affirmer, mais qu’il y avait des chances.

Il y avait quelque chose de tellement pitoyable