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jusque chez les morts, sont complètement inusités chez les Socialistes.

Dès que la bière a été vissée et recouverte du drap mortuaire, le cortège se met en marche et l’on descend dans les caves où l’on prend un convoi spécial du chemin de fer souterrain. Ce convoi, exclusivement affecté au service des pompes funèbres, est composé de wagons en harmonie avec cette triste destination. Il s’avance à petite vitesse, recueillant sur son passage les morts qu’on lui amène des quartiers qu’il traverse. Une dizaine de convois semblables desservent la ville et se dirigent tous vers le Palais international où ils pénètrent en traversant la Seine sur des ponts et arrivent ainsi jusque dans les sous-sols du Temple socialiste.

Ces sous-sols ont été disposés en une vaste Crypte funéraire, à voûtes surbaissées, et où les lampes sépulcrales à lumière bleuâtre semblent épaissir encore l’obscurité qu’elles éclairent. Rien n’est saisissant et majestueusement triste comme l’aspect de ce temple de la mort où tout a été calculé pour imprimer le respect et donner l’idée d’un repos éternel. Ici aucun objet d’art qui attire et égaie les yeux, mais des murs d’une nudité et d’une monotonie désolantes forment des galeries d’une longueur infinie dont les extrémités ne sont plus éclairées du tout et se perdent dans une nuit complète.