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Toutes les fois qu’une dame déclare vouloir tenir salon et qu’elle paraît capable de s’en bien acquitter, l’Administration lui alloue une certaine somme à titre de frais de représentation. Avec cet argent, les dames en question se logent plus grandement, se procurent des rafraîchissements, et reçoivent leurs amis et connaissances.

Rien du reste n’est plus varié que ces sortes de soirées. Dans les unes on est sérieux, on parle gravement de politique, de littérature, et l’on fait le whist ; dans d’autres, les femmes travaillent autour de la lampe, et l’on cause chiffons et bluettes, ou l’on joue à quelque jeu de société ; dans d’autres, on danse, on fait de la musique, on récite des vers, on donne des comédies, on chante des chansonnettes, on répète des charades, etc. ; enfin, dans d’autres on fume, on boit du punch, on rit et on cause bruyamment, et l’on joue aux jeux de hasard. Chacun choisit les salons où il va suivant son goût et son humeur, et se retrouve là avec des gens qui partagent ses inclinations.

Le Gouvernement a un moyen fort simple de s’assurer si ses fonds sont bien employés et confiés à de bonnes mains : c’est de s’informer si les salons particuliers sont fréquentés, et lorsque l’un d’eux est désert et respire l’ennui, on retire l’allocation à la titulaire, et on en gratifie une autre. Pour éviter cet affront, les teneuses de salon se mettent en quatre ; elles ne savent qu’i-