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que tous les petits Parisiens allaient peupler les cimetières de la province.

Cela dura ainsi fort longtemps, et les femmes de Paris se désespéraient de ne pouvoir conserver leurs enfants lorsque le Gouvernement vint à leur secours.

Il savait qu’en Normandie les mères allaitent rarement, mais que presque toutes élèvent leurs bébés au biberon avec le lait de leurs vaches qui est excellent. Loin de dépérir à ce régime, les jeunes Normands n’en sont que plus vigoureux et forment la race magnifique que l’on connaît.

L’Administration pensa que ce qui réussissait ailleurs, n’échouerait pas à Paris. En conséquence, elle fit venir dans les villages qui entourent la capitale, les meilleures vaches normandes ainsi que des femmes du même pays habituées à nourrir au biberon. Les unes et les autres furent installées sainement et commodément, puis on invita les mères à y apporter leurs poupons. Ce premier essai ayant eu un plein succès, on multiplia les nourriceries autour de la cité, et les Parisiennes eurent la double joie d’élever tous leurs enfants et de les voir grandir pour ainsi dire sous leurs yeux.


Lorsque les jeunes Parisiens ont renoncé au biberon, qu’ils marchent seuls et qu’ils commencent à parler, les mères les font revenir à la ville.