latoires, puis tout à l’heure un fou rire à briser pots et cuvettes. Martin Marc se seul déjà beaucoup mieux, lorsqu’à la vue de Simond Marc aussi, qui s’en vient lui apporter le spectacle présumé de sa spirale ascensionnelle, il se rétablit tout à fait au moyen d’un branle de rire qui dure encore.
Ce soir nous avons soupé avec une société d’employés français. Le touriste employé tient un peu du commis voyageur. Impérieux et brusque avec les garçons, seigneur et monarque pour son argent, et tenant à honneur de se montrer entendu et difficile, il se fait changer son vin, il flaire la moutarde et n’en veut pas, il critique le rôti et l’avale tout entier. Du reste, et selon la sorte d’administration à laquelle il est attaché dans son pays, le touriste employé voit les contrées étrangères au point de vue des ponts et chaussées, en sorte que, plus spécial, plus positif que le commis voyageur, il n’a de celui-ci ni sa politesse de débotté, ni ses romances de dessert, ni sa galanterie de seuil d’auberge, ni son libéralisme de diligence. C’est donc un animal pas beaucoup plus charmant, mais bien moins insupportable. Il porte des lunettes.
Au moment d’aller nous aliter aussi, Jean Payod entre dans la salle, qui s’en vient régler son compte, et nous faire ses adieux. M. Töpffer lui compose un beau certificat parafé ; et nous serrons cordialement la main à Jean Payod, qui se retire tout attendri. Huit jours de vie commune et surtout son modeste dévouement nous ont attachés à cet homme, en sorte que ce n’est pas sans en éprouver nous-mêmes une vraie tristesse que nous voyons notre caravane s’appauvrir de sa présence tranquille, de ses soins assidus et de sa vigilance affectueuse.