C’est le roussin justement qui, point honteux du tout, mais léger, trotillant, pétaradant, lance des crottes à son bourgeois furieux. On l’entoure, on l’arrête, on intervient, et, pour cette fois, il se tire sauf de cette charmante équipée.
Nous arrivons au Mayen. Une bonne vieille est là qui nous introduit dans la grande salle où les vivres nous suivent de près. Muse, redis-moi qui se distingua le plus dans cette guerre aux pâtés, dans ce carnage des volatiles ? ou plutôt, muse, redis à tous qu’il n’est de banquets qu’aux montagnes, de noces et festins qu’aux montagnes, de voracités énergiques, splendides, qu’aux montagnes ! Redis à tous que le tout grand couvert des monarques n’est que faim et que misère à côté d’un quartier de n’importe quoi, apporté de loin, suivi de près, et qu’on dévore enfin sur l’angle d’une table sans nappe, après trois heures d’abstinence volontaire, de rude montée et de roussin perdu !
Après le repas, nous cherchons à voir nos hôtes pour les remercier. Ils se trouvent être des patriciens de Sion, deux jeunes dames et leur frère chez qui, comme chez tous les patriciens véritables, la distinction des manières n’exclut ni la bonhomie de l’accueil ni la simplicité familière de l’entretien. Ils nous questionnent avec discrétion, ils nous écoutent avec bienveillance, et, tout à l’heure déjà, cette fortuite rencontre s’est changée en réciproque sympathie. Pendant que les dames regardent nos croquis, leur frère va nous chercher les siens. Ce sont des aquarelles faites d’après les sites uniformément aimables de ce paisible séjour. Le vert y domine, cru, brillant, étalé, mais les fraîcheurs de l’endroit s’y reconnaissent aussi, et aussi ces menus détails, ces neuves finesses qui échappent souvent