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Des Mayens, nous nous dirigeons sur Vex, en descendant le long du revers opposé de la montagne, et tout à l’heure nous avons en vue la vallée d’Hérens. Ce sont à droite et à gauche des rampes immenses brisées par des replats cultivés, et au fond, au lieu de champs, au lieu d’une rivière formant des îlots, et qui s’espace en sables et en graviers, un torrent qui bondit dans d’étroites profondeurs. Ce torrent, c’est la Borgne. Au-dessous de Vex, il trouve une fissure par laquelle il débouche dans la plaine, s’y déploie quelques instants et se perd dans le Rhône. Nos guides, qui n’ont jamais passé dans cet endroit, nous égarent le mieux du monde, et sans l’homme de confiance, qui se donne beaucoup de mal pour les maintenir dans la voie, ils nous mèneraient droit sur la fissure. Par malheur, cet homme de confiance nous quitte à Vex, le roussin aussi, et c’est un gros vide qui se fait dans notre troupe, car l’un et l’autre étaient drôles, secourables et d’excellent commerce.

Au delà de Vex, qui est un gros village embraminé, le sentier est tortueux, sinueux, bordé de gracieux arbustes, et après une heure de marche l’on a en vue les pyramides d’Useigne. Ce sont, comme à la Forclaz, des cônes élancés dont chacun supporte son bloc de pierre ; mais ici l’on en compte une quinzaine qui sont liés à leur base et agglomérés sur une petite étendue de terrain. De loin, le spectacle est peu frappant ; mais