de l’assaut impuissant des éléments conjurés. Bien plus, n’ayant ni à regarder, ni à vous arrêter, le moment est bon pour songer, pour récapituler, pour projeter, et vous en profitez. Et que deviendrait-on après tout dans la vie, s’il ne s’y rencontrait de ces moments où, n’ayant rien de mieux à faire, l’on arrange son avenir et l’on met à jour son arriéré ?
Au beau milieu de ce déluge, et à moins d’une heure de Meyringen, nous croisons une bande de Hasliens gais, endimanchés, chancelants la plupart. L’un de ces avinés nous agace de propos joyeux, M. Töpffer y répond, et voilà l’entretien commencé. « D’où venez-vous ? — D’enterrer notre cousin. » À cette réponse, nous tombons des nues. C’est que nous autres citadins, accoutumés que nous sommes à ces cérémonies de deuil où s’épandent au milieu d’un grand appareil les douloureuses plaintes d’une sensibilité raffinée et d’un désespoir qui, sans cesser d’être sincère, est pourtant causé en grande partie par la rupture de toute sorte de liens factices, nous nous doutons peu de la tranquillité avec laquelle, dans des conditions plus simples, et dans les campagnes en particulier, l’on voit naître et mourir ses semblables. Après que la cérémonie funèbre y a été accomplie avec décence plus encore qu’avec tristesse, si l’usage veut