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DEUXIÈME JOURNÉE.


Aujourd’hui encore nous partons à l’aube, et nous nous acheminons le sac sur le dos vers les rives du lac du Bourget. L’air est d’une fraîcheur délicieuse, et la contrée charmante. Bientôt, parvenus sur les bords du Fier, qui sort limpide et bouillonnant d’une gorge étroite, nous voyons un vieillard détacher de la rive opposée un bateau vermoulu sur lequel nous passons la rivière en deux traversées.

Cette fois l’on nous a dit : Allez chez Godaz, vous y serez bien. Aussi demandons-nous à tous les passants : Combien d’ici chez Godaz ? Et tous nous répondent fort complaisamment. Mais nous cheminons par malheur dans un pays où la manière de compter les distances se trouve être pour nous un leurre perpétuel. Tantôt ces gens comptent par heures, mais leurs heures sont d’un tour et demi de cadran ; tantôt ils nombrent par lieues de pays, mais plus longues que larges, ajoutent-ils d’un accent farceur ;