VINGT-TROISIÈME JOURNÉE.
Pour la première fois depuis vingt-trois jours, le soleil se retire de nous, et des nuées tout aussi noires que les nôtres ont voilé ce ciel de Provence dont les poëtes vantent à l’envi la sérénité. En même temps, la contrée déjà si nue a pris l’aspect d’un lugubre océan, et du fond d’une gorge où nous allons entrer accourt un vent pluvieux qui intercepte nos paroles, qui ballonne nos blouses et qui décoiffe nos têtes. Cette gorge, c’est l’Averne en personne. Plus de jour, plus d’air, plus de terre ; à la place, deux mornes parois de pierre, un bout d’étroite chaussée, et, tout au fond, le Styx qui rugit et bouillonne.
Au plus noir du passage, nous atteignons un cavalier qui se prélasse sur un joli cheval bai. Salut de part et d’autre, après quoi nous le com-