Page:Topffer - Nouveaux voyages en zigzag Grande Chartreuse, 1854.djvu/58

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

la grotte des Échelles, qui est un ouvrage à la fois beau et imposant. La montagne a été percée de part en part dans une longueur de deux cent dix-huit pas. Dans la plus grande partie du passage, il est nuit close à toute heure ; aussi de jour l’on s’y dirige en marchant vers le petit trou lumineux qu’on voit à l’opposite, et dont l’éclat fait paraître les ténèbres au sein desquelles on se meut plus épaisses encore ; de nuit, trois réverbères y entretiennent ce qu’il faut de lueur pour qu’on ne s’assomme pas contre les aspérités des parois. Après avoir franchi ce couloir, M. Töpffer se retourne pour en dessiner l’ouverture, et, quelques moments après, nous faisons notre entrée aux Échelles, petit bourg frontière, mi-savoyard, mi-français, comme Seyssel, et qui jouit à ce titre d’autant de bourreaux qu’on en peut désirer ; aussi nous y exhibons deux fois pour une, après quoi nous allons étendre auprès du feu notre passe-port, qui est, comme nous, trempé, rincé, en pleine lessive.

L’auberge est ici meilleure qu’à Seyssel, mais pittoresque aussi, agreste, si l’on veut, témoin la principale chambre à coucher, où nous trouvons en façon de meuble deux tas de blé, une hotte vide, quatre maîtres pains, un fragment de culotte bleue noué à la manche d’une chemise, plus trois chaises et quatre lits pour huit. Les rires recommencent, et Bartelli a l’agrément de se croire encore chez madame Cauponnet.