Page:Topffer - Nouveaux voyages en zigzag Grande Chartreuse, 1854.djvu/62

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doux encore. Mais aux Échelles, temporiser, c’est, en vérité, avoir à se trouver des distractions au fond d’un puits. Il y a l’étable pourtant, où nous allons examiner des rosses qui mangent ; il y a le maréchal-forgeron, qui, dans ce moment, est occupé à battre un fer de roue. Pendant une demi-heure, posés comme des quilles devant la forge, nos vingt-trois regards vont de l’enclume au brasier, puis retournent du brasier à l’enclume, jusqu’à ce que le fer de roue étant battu tout serait dit, fini, consommé, sans un violon qu’on vient de découvrir. Alors M. Bartelli démanche, un bal s’organise, et nous valsons de désespoir.

Et puis voici bien une autre fête !… un rayon ! le soleil ! Baromètre enfoncé à tout jamais ! Ah ! que cette lumière dorée, que ces sourires de l’astre ont de puissance pour renouveler, pour électriser, pour répandre soudainement dans le cœur comme dans la nature la joie et la sécurité ! En un clin d’œil nos sacs sont sur nos épaules, et d’un saut nous atteignons Saint-Laurent du Pont, petit hameau qui est situé au pied des montagnes de la Grande Chartreuse, et tout à côté du défilé par lequel on