CINQUIÈME JOURNÉE.
Le temps est magnifique. À six heures du matin nous allons à l’église pour y voir les Chartreux réunis et célébrant la messe, après quoi, prenant congé du père dom Étienne, nous partons pour Saint-Laurent du Pont. Des attelages de bœufs descendent avec nous, tirant après eux la dépouille des forêts. Parvenus bientôt à la porte du désert, nous disons adieu à ces belles solitudes, et nous voilà rentrés dans le monde d’aujourd’hui. Le passage est instantané ; à peine l’œil s’est détourné des gorges de Fourvoirie, qu’il rencontre le café-billard de Saint-Laurent du Pont, puis le tabac de la régie, puis les douaniers, et la Chartreuse n’est plus qu’un rêve de l’autre nuit.
Il s’agit de déjeuner ; nous nous entassons à cet effet dans une salle haute autour de tables étroites, pour y prendre, sous le nom de café, une sorte de décoction absolument semblable à ce que serait une infusion de