Page:Topffer - Nouvelles genevoises.djvu/115

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Quand je rentrai, il était en effet occupé à accueillir ses hôtes, les priant de l’excuser s’il les recevait au milieu d’un aussi affreux désordre. — Si vous ne partiez pas demain, ajouta-t-il, je vous prierais de remettre à un autre jour cette dernière séance. — Il est malheureusement impossible que nous différions notre départ, répondit le vieillard ; mais de grâce, ne vous gênez point, et que notre présence ne vous empêche pas de faire ces premières recherches, indispensables pour arriver à la connaissance du coupable. Alors le peintre monta lui-même sur le toit pour en examiner les abords.

Fort heureusement, M. Ratin, qui était à mille lieues de me supposer la moindre part dans ces événements, après avoir remis soigneusement son parapluie dans le fourreau, était revenu auprès de la table feuilleter mes livres, y marquant à mesure les endroits qui devraient faire le sujet de mes devoirs. — En considération, me dit-il, du travail que vous m’avez présenté et des dispositions meilleures où je vous vois… Ici le peintre entra, et tout préoccupé de son idée :

— N’avez-vous pas une chambre, monsieur ?… Ah ! oui, la voici ! Auriez-vous la bonté de me l’ouvrir ? On n’a pu parvenir sur le toit que par là, et nous saurons par où l’on a pu s’introduire dans la chambre. — Volontiers, monsieur, dit M. Ratin. Et ayant pris la clef dans un tiroir à son usage, il la mit dans la serrure, que j’avais rajustée de mon mieux ; tandis que, pâlissant de stupeur, je feignais une grande application au travail.

Pendant que ces messieurs procédaient à leur inspection, je m’aperçus d’une rumeur dans la prison. Des hommes parlaient avec véhémence, quelques mots sinistres parvenaient à mon oreille, le factionnaire était