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II.


Afin d’utiliser mes vacances, mon oncle m’a conseillé de lire Grotius, pour lire ensuite Puffendorf, pour lire ensuite Burlamaqui, égaré pour le moment. Aussi je me lève matin, je vais à ma table, je m’établis, je croise les jambes, puis j’ouvre à l’endroit… Mais voici ce qui m’arrive.

Au bout d’une demi-heure, mon esprit, ainsi que mes yeux, commence à faire des excursions à droite et à gauche. C’est d’abord sur la marge de l’in-quarto, où je gratte un point jaune, je souffle un poil, je détache une paille avec toutes sortes d’ingénieuses précautions ; c’est ensuite sur le bouchon de mon encrier, tout rempli de petites particularités curieuses dont chacune m’occupe à son tour : jusqu’à ce qu’enfin, passant ma plume dans la bouclette, je lui imprime une moelleuse rotation qui me réjouit infiniment. Après quoi, volontiers, je me renverse sur le dossier de mon fauteuil, en étendant les jambes, et croisant les mains sur ma tête. Dans cette situation, il me devient très-difficile de ne pas siffler un petit air quelconque, tout en suivant avec une vague fixité les bonds d’une mouche qui veut sortir par les vitres.

Cependant, les articulations commençant à se roidir, je me lève pour faire, les deux mains dans mes goussets, une petite promenade qui me conduit au fond de ma chambre. Là, rencontrant l’obscure paroi, je rebrousse tout naturellement vers la fenêtre, contre laquelle je bats, du bout des ongles, un joli roulement où j’excelle. Mais voici un char qui passe, un chien qui aboie, ou rien du tout ; il faut voir ce que c’est. J’ouvre… Une