Page:Topffer - Nouvelles genevoises.djvu/200

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quelque tristesse ; car il refoulait vivement mon imagination dans le passé, pour y retrouver pleins de vie ces deux êtres si chers l’un à l’autre, et maintenant séparés par la mort ; cette jeune fille ornée de ce riant éclat de parure et de jeunesse que les larmes n’ont point encore terni, et Lucy maintenant voilée de tristesse et de deuil… Mais j’étais trop préoccupé par la joie et la reconnaissance, pour que l’impression de ce contraste établît sur moi son empire.

Quelle occupation charmante !… Mon crayon avait à retracer cette figure bien-aimée ; il avait à reproduire les contours de la taille, la gracieuse mollesse de l’attitude… Parfois je m’arrêtais, épris de mon modèle, et, pour quelques instants, l’émotion m’empêchait de poursuivre.




— Bonne madame ! dit mon oncle quand il apprit ces grands événements… je regrette de n’avoir pas su l’anglais plutôt que l’hébreu… Te voilà bien content, mon pauvre Jules !… c’est permis. Il se redressa : — Et que cet ouvrage te fasse honneur ! Qu’on y voie observées les lois du clair-obscur, celles des deux perspectives, tant linéaire qu’aérienne…, et puis, l’entente de l’art…, et puis… Bonne madame ! aussi affectueuse, en vérité, qu’elle est belle !…




Cependant la calèche de Lucy, durant sa dernière visite, avait stationné du côté de la maison qui fait face à l’hôpital, tandis que les équipages qui amenaient les modèles de mon confrère arrivaient par le côté qui fait face à la cathédrale.