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… Le régent citait encore, que, troublé et confus, j’avais déjà refermé ma fenêtre.




Le mauvais succès de cette tentative m’ôta l’envie de la renouveler ; pendant plusieurs semaines, je me bornai à suivre discrètement le cours des habitudes dont j’ai parlé.

Henriette recevait quelques rares visites. Sa mère, lorsque les soins du ménage lui laissaient quelques instants de loisir, montait travailler auprès d’elle. Aussitôt, me rapprochant de la cloison, je retenais mon haleine pour mieux entendre leurs discours.

— Votre père, disait la mère, sera de retour vers six heures. J’ai disposé vos frères pour que nous puissions sortir ensemble.

— Je vous verrai sortir sans moi, ma mère ; car je ne prévois pas que, si je quitte cet ouvrage, il puisse être rendu demain. C’est jeudi, vous le savez, que se paye le terme.

— Vous êtes, ma chère enfant, bien nécessaire à la famille ; je me réjouis que vos frères puissent vous soulager.

— Je m’en réjouis pour mon père.

— Votre père est fort, Dieu merci, et jeune encore. Je ne redoute pour lui que la maladie et l’âge… Vous pourriez nous manquer, Henriette.

— Je suis forte aussi, et j’espère vivre.

— J’y compte, ma chère enfant ; mais l’âge viendra de vous établir.

— Je vous appartiens, ma mère. D’ailleurs j’aime mieux garder cette gêne où nous vivons ensemble que