Page:Topffer - Nouvelles genevoises.djvu/242

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jusqu’à ma porte, gueule béante… Tout n’était pas gai dans ces suppositions ; mais au moins, entre l’espérance qu’il ne viendrait pas et l’effroyable peur qu’il ne vînt, point de place pour l’ennui ; sans compter une flanelle qui me chatouillait l’épiderme, en sorte que j’avais toujours à gratter quelque part.

Au fait, je ne sache pas d’ennui, pas de torpeur physique ou morale, qui ne cède à une démangeaison. Je suis certain que… Qu’est-ce encore ?

— Monsieur Retor.

— Dis donc que je n’y suis pas.

— C’est que… le voici.

— Monsieur Retor, je suis trop occupé pour vous recevoir.

— Deux minutes seulement…

— Je n’en ai pas une à perdre.

— C’était pour vous soumettre ce tableau chronologique de l’histoire universelle des peuples…

— (Le diable l’emporte, lui et son tableau universel des peuples !) Eh bien, quoi ?

— Je vous fais observer, monsieur, qu’aucun tableau du même genre n’a encore atteint à la moitié de la perfection de celui-ci. Vous voyez là quatre chronologies différentes, avec la réduction en années de l’ère chrétienne et en années du monde. Vous avez ici toute la série complète des anciens rois d’Égypte et de ceux de Babylone…

— (Je voudrais qu’on te la pendît au dos, ta queue de rois de Babylone et tes cinq chronologies, coquin ! C’est déjà trop d’une, et il m’en veut faire acheter quatre, et une autre !!!) Monsieur Retor, c’est très-beau, mais je ne m’occupe plus d’histoire.

— Vous avez ici l’empereur Kan-tien-si-long…