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que plus cher quand je ne verrai plus en vous l’arbitre intéressé de ma destinée ; quand je ne serai plus fatigué de ployer, par ménagement, à vos vues qui ne sont pas les miennes ; en un mot, quand je ne serai plus que votre neveu qui vous aime, et non plus votre héritier qui vous craint et vous résiste.

Pendant que je parlais ainsi, le visage de mon parrain trahissait un dépit rempli de violence et d’amertume. Ses plans renversés, ses volontés méprisées, ses bienfaits dédaignés, tout contribuait à le jeter dans un état d’emportement et de trouble qui le faisait pâlir et rougir tour à tour : — Ah ! ah ! c’est là ce que tu voulais amener ? dit-il enfin en éclatant ; ma bonté te lassait ! mon joug t’était à charge ! Tu voulais, en toute bonne amitié, envoyer promener mes conseils, mes soins, mes bienfaits. Suffit. J’entends. Mais, monsieur, passez-vous de mon amitié comme de mon bien ; ni l’un ni l’autre ne vous appartiennent plus, et ne m’embarrasseront pas. Je vous salue.

Il sortit, et, après l’avoir reconduit quelques pas, je revins dans ma chambre.




CHAPITRE IV.


Lecteur, dormez-vous ? Que vous semble de ma conduite ? Est-ce à mon parrain, est-ce à moi que vous donnez raison ? Je vais vous le dire.

J’entends que je pourrais vous le dire, si vous m’appreniez votre condition, votre âge, si vous êtes femme ou homme, garçon ou demoiselle.

Il me suffirait pourtant de savoir que vous êtes jeune,