messieurs et ces dames. On se réunit chez le bourgmestre, on distribua les rôles ; on s’inscrivit comme infirmière, chauffeur, femme de chambre, on s’engagea pour un mois, pour toute la saison ; les plus généreux s’offrirent à rester l’hiver, à se dévouer aux convalescents tardifs.
En attendant, les réfugiés devenaient plus nombreux, les nouvelles plus alarmantes, et c’était en foule qu’on se pressait le soir devant la Maison du Pêcheur.
On y attendait l’arrivée de l’Indépendance ; une agitation se propageait au roulement du tramway de neuf heures ; un homme, chargé de paquets, s’ouvrait un chemin dans la cohue, et, bientôt, la distribution commençait. Sous les réverbères, à la lueur des vitrines des magasins, on parcourait les dernières dépêches annonçant de nouveaux désastres, au lieu de cette victoire qui devait libérer la Belgique. Aussi s’indignait-on des nouvelles alarmantes.
On retournait vers la plage en gesticulant ou l’on s’arrêtait pour discuter. Des patriotes, messieurs et dames, s’en allaient, bras dessus, bras dessous, en chantant la Marseillaise ; car il se trouva que pas un d’eux ne savait la Brabançonne — du moins les paroles. Elle est, d’ailleurs, si peu vocale et d’un rythme tellement boiteux qu’elle contrariait la marche et, plus encore, l’exaltation.
À la plage, où l’on répandait les nouvelles du soir, les discussions se ranimaient.