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QUATRIÈME PARTIE

afin d’épargner la sienne. Vous savez que nous avons peu de bagages… Et ce n’est pas le moment de se remonter.

Mme  Grassoux prit avantage de cette déclaration maladroite :

— Bien sûr ! En un temps comme celui-ci, chacun est tenu à la plus stricte économie.

Et elle ajouta, essayant un soupir :

— À ce propos, j’ai un service à vous demander. Il me reste une robe de luxe, inutile à présent, et que je voudrais vendre. Croyez-vous que madame Fontanet veuille profiter de l’occasion ? Nous sommes de même taille, ou peu s’en faut. Cette robe est neuve, elle m’a coûté quatre cents francs, mais je la céderais à moitié prix.

— Je lui en parlerai, dit Philippe, qui se promit de n’en rien faire, sachant que Mme  Grassoux chantait misère, afin qu’on ne s’avisât point de lui demander de l’argent.


— Merci ! fit-elle, en prenant congé, il faut bien qu’on s’entr’aide, n’est-il pas vrai ?

— S’entr’aider ! pensa Philippe, en retournant chez lui.

Sur les lèvres de Mme  Grassoux, un tel mot ne passait point sans ironie. Aussi n’avait-elle pu s’empêcher d’en sourire. Philippe gardait l’impression qu’elle s’était jouée de lui.

Comme toujours, devant cette maîtresse femme, il s’était senti déplorablement timide, « peu pratique »,