afin d’épargner la sienne. Vous savez que nous avons peu de bagages… Et ce n’est pas le moment de se remonter.
Mme Grassoux prit avantage de cette déclaration maladroite :
— Bien sûr ! En un temps comme celui-ci, chacun est tenu à la plus stricte économie.
Et elle ajouta, essayant un soupir :
— À ce propos, j’ai un service à vous demander. Il me reste une robe de luxe, inutile à présent, et que je voudrais vendre. Croyez-vous que madame Fontanet veuille profiter de l’occasion ? Nous sommes de même taille, ou peu s’en faut. Cette robe est neuve, elle m’a coûté quatre cents francs, mais je la céderais à moitié prix.
— Je lui en parlerai, dit Philippe, qui se promit de n’en rien faire, sachant que Mme Grassoux chantait misère, afin qu’on ne s’avisât point de lui demander de l’argent.
— Merci ! fit-elle, en prenant congé, il faut bien
qu’on s’entr’aide, n’est-il pas vrai ?
— S’entr’aider ! pensa Philippe, en retournant chez lui.
Sur les lèvres de Mme Grassoux, un tel mot ne passait point sans ironie. Aussi n’avait-elle pu s’empêcher d’en sourire. Philippe gardait l’impression qu’elle s’était jouée de lui.
Comme toujours, devant cette maîtresse femme, il s’était senti déplorablement timide, « peu pratique »,