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L’EXODE

dit l’écrivain, au souvenir des adorateurs que Mme  Borg avait affichés. Elle est née pour être entretenue, comme Axel est né pour demeurer garçon.

Mais, à Ostende, au premier regard il fut pris dans le filet de cette aventurière ; car il allait à l’amour en montrant toute son âme, de même qu’elle allait au bain en montrant toute sa beauté.

Ambitieuse, intelligente, elle cherchait un homme qui pût la porter de la galanterie dans le monde où l’appelait sa vanité. Axel parut le tremplin qui pouvait la lancer.

D’excellente famille, pianiste renommé, il avait accès dans une société choisie. Après un mois de fréquentation, Axel fut « empaumé ».

En dépit de La Rochefoucauld, dont il méprisait les maximes, il crut faire un « mariage délicieux ». Sa femme, fêtée dans le monde, où sa grâce et son esprit la portaient comme des ailes, se trouva bientôt en mesure de s’habiller élégamment, sans trop taxer les ressources du ménage.

Axel, pour sa part, se voyait comblé de faveurs. Tout lui tombait à merveille : succès, décorations et éloges de la presse. Ami des « gros bonnets », dont l’importance commande les avenues de la notoriété, il faisait son chemin parmi les roses, tandis qu’Héloir et Sauvelain demeuraient accrochés aux buissons.

Il s’avançait donc souriant, sous les regards bilieux de l’envie.

Le jour vint, toutefois, où ce mari, aveuglément