Page:Touchatout - Le Trombinoscope, Volume 1, 1871.djvu/108

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montra de fortes dispositions pour le métier de conspirateur. On raconte que les couches de sa mère furent excessivement pénibles ; il ne voulait pas sortir la tête la première, dans la crainte d’être reconnu par la police. Et quinze jours avant, ayant aperçu un peu de lumière qui arrivait au-dessus de sa tête, il avait tenté de s’évader en grimpant, pendant que sa mère bâillait. — Après avoir terminé ses études au lycée d’Avignon, Blanqui vint à Paris où il se fit répétiteur à la pension Massin pour gagner sa vie. Quand Villemessant apprit cela plus tard, il en fut contrarié, parce que c’est toujours très-ennuyeux de ne pas pouvoir dire dans le Figaro qu’un républicain a passé sa jeunesse à voler des couverts dans les restaurants. — En 1827, à l’émeute de la rue Saint-Denis, il reçut une balle au cou, ce qui tendrait à faire croire, en dépit des biographes, pour tout faire des feuilles de tolérance écloses sous l’Empire, qu’au moment où Charles X faisait tirer sur le peuple, Blanqui n’était pas précisément en train de mettre du vin en bouteilles dans sa cave. — Trois ans plus tard, la révolution de juillet éclatait, et Blanqui descendait de nouveau dans la rue, où il ne rencontrait M. Thiers sur aucune barricade. Au premier abord, il s’en étonna, car M. Thiers, avec son National, avait poussé le peuple à l’insurrection, et il semblait à Blanqui que le moins que M. Thiers pût faire en cette circonstance, était de partager un peu les périls de ceux qui allaient se faire casser la figure pour lui procurer, huit jours après, une place de conseiller d’État et de secrétaire général au ministere des finances sous Louis-Philippe. — En 1831, Blanqui devint rédacteur du Journal de la Société du peuple, qui ne tarda pas à lui procurer son premier procès. Le jury l’acquitta ; seulement, séance tenante, il fut condamné par la cour à un an de prison pour délit d’audience, et en tira cette conclusion, qu’il est presque aussi difficile de passer en justice sans y laisser quelque chose, que de se faire moudre dans un engrenage sans abîmer un peu son faux col. — Impliqué bientôt après dans une accusation de fabrication de poudre, il empocha deux ans de prison ; puis, compromis dans l’insurrection de 1839, il fut condamné à mort. — Parenthèse : nous prions nos lecteurs de vouloir bien numéroter les condamnations à mort de Blanqui s’ils veulent s’y reconnaître à la fin. — Cette sentence fut commuée en une détention perpétuelle ; et le gouvernement de Louis-Philippe poussa même la mausuétude jusqu’à décider que ce qui lui restait de prison à faire pour ses condamnations antérieures serait confondu avec son emprisonnement à perpétuité. Il fut enfermé au Mont-Saint-Michel pendant quatre années. — Il était déjà maladif, sa santé s’altéra, et l’on dut le transférer au pénitencier de Tours sur un rapport du directeur du Mont-Saint-Michel, qui écrivit au ministre : « Blanqui est très-faible ; si on ne le change pas de régime, ce condamné à perpétuité ne pourra jamais arriver à l’expiration de sa peine. » — La Révolution de 1848 rendit Blanqui à la liberté. Il accourut à Paris dès le 25 février, dans